Vieux dictons angevins

Publié le par MClaude

Voici, pour commencer l'année, un article déniché dans L'Echo Saumurois du 4 Janvier 1853.

*Ces dictons sont tirés du manuscrit « PHILANDINOPOLIS » que Jacques BRUNEAU de TARTIFUME (1574-1636) a écrit en 1626.

Erudit angevin, lettré et diplômé en droit de l’université d’Angers. Chroniqueur d’Anjou au XVIIème siècle, écrivain, dessinateur, avocat et président au siège de présidial d’Angers.

« Dicts facétieux satiriques proverbes et action joyeuses qui ont esté et sont Angiers et du Pays d’Anjou ».

" Nous empruntons au manuscrit intitulé PHILANDINOPOLIS, une série d'anciens adages usités en Anjou en 1626"

« C'est la cure de Saint Evrou, Cent solz de perte et bien servie » .

Se disait d'une personne dont la fortune était nulle. Ce dicton faisait allusion au peu de rentes dont jouissait cette cure, située en la Cité, près le château d’Angers.

*(Saint-Evrou : l’église Saint-Evroult, dernière paroisse créée dans la Cité, elle fut détruite en 1792)

« Les marchands de la paroisse Sainte-Croix aimaient mieux vendre à prix de port, que de laisser partir l'acheteur de leurs magasins ».

Lorsqu'un joueur n'avait ni perdu ni gagné, on l'appelait « un marchand de Sainte-Croix ».

Il est du « Loricard » était synonyme d'étourdi . Ce fut à l'occasion de la défaite des enfants de CONAN, Duc de Bretagne , qui eut lieu dans la rue LORICARD par FOULQUE NERRA, que fut donnée aux personnes imprudentes la qualification de « loricard ». Cette expression se trouve dans le Chant des Bergers de la Grande Bible des Noëls angevins.

« Marche devant , pauvre Mulard ,

Et t'appuie sur mon billard :

Et toi Loquard, vieux « Loricard » ,

Tu dois avoir grand'honte

De rechigner ainsi des dents ;

Je n'en tiendrais point compte,

Au moins devant les gens. »

L'acceptation d'espion fut aussi attribuée au mot « Loricard » car, dit un vieil auteur, les enfants de CONAN et les Bretons « y loricardaient » pour surprendre la ville et le château d'Angiers.

« Sont les matines de l'Esvière. Aussitôt sonnées, aussitôt dictes »

Cette locution s'employait pour désigner une chose promptement exécutée.

« Il est de Joué et non de Gonnord » s'appliquait à une personne joufflue.

Lorsqu'un Angevin se faisait tirer l'oreille, on avait coutume de dire : « il est de Rochefort, il a les oreilles marsives (massives) ».

Un Angevin rencontrait-il un Chalonnais, il le saluait du nom de « Marpalves ». Cette qualification étrange venait de ce qu'un jour il fut trouvé sur le territoire de Chalonnes, une médaille frappée en l'honneur de Mars, Pallas et Vesta, divinités anciennes adorées dans cette contrée. Sur la médaille étaient burinés les mots MAR. PAL. VES . Présentée à un savant du cru, l’inscription de l'exergue, fut lue sans tenir compte de la ponctuation, ce qui produisit le nom de « Marpalves » nom qui depuis, dit Bruneau de Tartifume, est demeuré aux habitants de Chalonnes.

« C'est la drollerie des Ponts-de-Cé, ils étaient quatorze à porter une ardoise » désignait une grande réunion de personnes qui faisaient peu de choses.

Si un débiteur inspirait des craintes à son créancier, celui-ci ne manquait pas de dire : « Ou prins sur la roche d’Erigné (où prendre sur la roche d'Erigné) ». On sait que cette roche schisteuse, située à l'extrémité des Ponts-de-Cé, est dénudée de toute végétation.

« Elle est de Doué, car elle est bien godinne » était employé quand on voulait parler d'une femme rusée.

Une personne faisait-elle tout tourner à son profit, on ne manquait pas de dire « C'est un niais de Soulaines ». Cet adage venait de l'esprit laborieux qui régnait dans ce pays.

Un homme écrivait-il mal, on le comparait « aux clercs de Montreuil-Bellay qui buvaient mieux qu’ils n'écrivaient ».

Les marchands de Saumur étaient désignés sous le nom « de talonniers de Saumur » parce qu'ils avaient contracté l'habitude de jouer du talon en se tenant assis sur le devant de leurs boutiques.

Voulait-on faire un pari peu sérieux, on disait « Je parie ce qui se joue à Saumur ».

« Il est logé aux Rosiers, il plante des rosiers » était la dénomination appliquée à un homme mal dans ses affaires. Dans le rosier, on voyait deux choses, la fleur et l'épine ; la fleur représentait l'argent emprunté et l'épine l'échéance.

Il était d'usage de dire, quand on ne voulait rien promettre : « Je gage ma rente de Baugé».

On comparait une personne sans puissance aux « reliques de Foudon ».

* (Foudon, bourg de la commune du Plessis-Grammoire. Peut-être s'agissait-il des reliques de St Félissicime et de Ste Prudence qui devaient se trouver à Rome [elles ont été ramenées à Foudon le 25 Juillet 1772] - cf Célestin Port).

« C'est la tour de Briollay » désignait un homme d'une forte corpulence.

« J'aimerais mieux que la tour de Briollay fût tombée », s'employait pour exprimer la crainte d'un malheur.

*(Foulque Nerra fit construire une forteresse en 980. Plusieurs fois assiégé et rafistolé le château fut définitivement détruit au XIIè siècle par Geoffroy le Bel. Seul subsistait le haut et épais donjon visible dit-on d'Angers. La Tour de Briollay, ainsi qu'on l'appelait, avait une grande réputation de puissance).

Parmi les brocards satiriques, nous pouvons citer ceux-ci : « Jobbe de Morannes » pour désigner un niais ; « la tête de la femme est faite à Durtal ».

*(source : Wikipédia)

Publié dans Chroniques

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