Le chirurgien
S’il est vrai que l’édit de novembre 1691 sépare officiellement la barberie de la chirurgie, les chirurgiens de province n’en restent pas moins longtemps encore des barbiers, et en dépit de nombreux textes officiels et de la fondation en 1731 de l’Académie Royale de Chirurgie, il faut attendre la seconde moitié du XVIIIe siècle pour que, dans les villes ayant une communauté de maîtres-chirurgiens, la séparation entre les deux professions soit complète”.
C’est à peu près à la même époque que certains chirurgiens à l’esprit plus novateur et qui ne partageaient pas les opinions étroites qui avaient dicté les prétentions précédentes, sentaient combien leur alliance avec les barbiers leur était préjudiciable. C’est ainsi que Lapeyronnie, inspira à Mareschal (premier chirurgien du roi), l’idée de créer des postes de professeurs et de démonstrateurs en chirurgie et ensuite de regrouper ses principaux membres dans une Académie de chirurgie (Lettres patentes en forme d’édit données par Louis XV, à Fontainebleau en septembre1724, enregistrées au Parlement le 26 mars 1725).
Le 24 février 1730, un règlement concerne les chirurgiens des provinces.
Étrangement, les médecins de leur côté ne voyaient pas d’un bon œil ces évolutions, et tentèrent de faire obstacle à ces nouvelles dispositions, comme si l’art de guérir ne pouvait être connu que d’eux. Mais la publication du premier volume des mémoires de l’Académie de chirurgie en 1741, acheva de mettre en lumière l’utilité des opinions de La Peyronnie; et par une déclaration rendue le 23 avril 1743, la barberie fut enfin totalement séparée de la chirurgie. Le texte fixe le cadre juridique à l'exercice de la profession de chirurgien, et la sépare clairement de celle de barbier. Le grade de Maître des Arts est exigé pour l'exercice de la profession, la sévérité des examens pour l'obtention de la maîtrise est accrue. Dans l'ordre social, l'état de chirurgien est porté ainsi au même rang hiérarchique que celui de médecin.